Le Laboratoire de Recherches sur les Territoires et l’’Entrepreneuriat
cedimes-maroc
Institut CEDIMES
Colloque International
“LES PASSERELLES ENTRE LA RECHERCHE EN SCIENCES SOCIALES ET LES POLITIQUES PUBLIQUES DANS LES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT”
Marrakech (Maroc)
13-14 décembre 2013
Appel à communication (Télécharger le texte en PDF )
L’utilisation de la recherche et les obstacles qui l’entravent constituent aujourd’hui l’un des thèmes les plus marginalisés, notamment dans le monde en développement. La recherche orientée vers les politiques publiques semble largement sous - utilisée dans les pays du Sud malgré le fait que son rôle dans le processus de développement a reçu beaucoup d’attention dans la littérature récente qui a mis en exergue la contribution de l’économie basée sur la connaissance au développement et au bien-être. L’identification et l’exploration des problèmes posés, la formulation et la mise en œuvre de politiques adéquates destinées à les résoudre ainsi que le suivi et l’évaluation des politiques adoptées, nécessitent inéluctablement l’utilisation du savoir et de la recherche.
Dans les pays en développement, le problème ne se pose pas seulement au niveau de la demande et de l’absorption de la recherche par les décideurs, mais également au niveau de la quantité et de la qualité de la recherche offerte. L’exploration de passerelles entre la recherche et les politiques publiques dans le monde en développement devrait être analysée en termes d’offre et de demande de la recherche basée sur des arguments conceptuels et empiriques. De multiples obstacles et goulets d’étranglement d’ordre politique, institutionnel, socio-économique et culturel seraient à même d’entraver la production et la consommation de la recherche par les décideurs.
Le colloque que le Laboratoire de Recherche en Territoires et Entrepreneuriat (LARTE) organisera dans une perspective inter - disciplinaire, en collaboration avec l’Institut CEDIMES et d’autres structures de recherche à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, espère aller dans cette direction. En plus de pensées théoriques et conceptuelles, une variété d’approches méthodologiques et empiriques sont souhaitables en vue de mieux comprendre le contexte dans lequel la recherche est produite et consommée. En particulier, elles permettront d’aider à mieux saisir pourquoi la recherche dans les pays du Sud est peu utilisée dans le processus de prise de décisions et comment des actions et des réformes peuvent aider à intensifier les courants d’échange entre la recherche et les politiques publiques. Cette problématique semble encore assujettie à des idées reçues à travers les communautés des chercheurs et des décideurs.
Le colloque vise à débattre sur ces questions en explorant les facteurs susceptibles d’entraver et de bloquer la production de la recherche soutenue par des arguments conceptuels et empiriques ainsi que son absorption par les décideurs à des fins de politiques publiques. L’objectif ultime est de formuler des implications et des suggestions de politiques publiques en vue d’ouvrir et de développer les passerelles entre la recherche et les prises de décision aux niveaux local, national et international.
I- Thèmes du colloque
Tout en prenant en considération les diverses phases du cycle des politiques publiques (Public Policy Cycle), le colloque se propose de se focaliser sur les grands axes suivants (ces axes sont non exhaustifs : des propositions de papiers touchant d’autres aspects seront les bienvenus) :
1. Les obstacles à la production d’une recherche basée sur des arguments conceptuels et empiriques (conceptual and evidence-based research) :
Le choix de cet axe repose sur l’idée suivant laquelle la consommation de la recherche exige d’abord la production d’une recherche ciblée, bien conceptualisée, argumentée et compréhensible auprès des décideurs.
Ces obstacles peuvent être identifiés et évalués sous des optiques interdisciplinaires, transdisciplinaires et multidisciplinaires tout en s’interrogeant sur les mesures à prendre pour améliorer la recherche orientée vers les prises de décision en matière de politique publique.
2. Revue et critique des modèles théoriques de l’utilisation et de l’absorption du savoir et de la recherche par les décideurs :
Les projets de communication peuvent s’articuler autour de la revue et de la critique des modèles suivants sur le plan aussi bien théorique qu’empirique :
a. Le modèle rationnel (Rational Model) : ce modèle suit une séquence logique et ordonnée des phases de prise de décisions. Il évalue et compare toutes les options en calculant tous les coûts sociaux, économiques et politiques ainsi que les avantages d’une politique publique. Aussi, en vue de doter les décideurs d’une sorte de ‘certitude’, le chercheur devrait-il explorer et présenter toutes les options possibles de politique publique.
b. Le modèle de débrouillement et d’incrémentalisme (The Muddling-Through and Incrementalism Model) : Ce modèle, soutenu par les concepts de ‘rationalité limitée’ (Bounded Rationality) et de ‘satisfycing’, reconnait l’existence de contraintes pratiques pesant sur la rationalité des prises de décision (qualifications inconscientes, habitudes et réflexes, valeurs et conceptions culturelles, faible accès au savoir et à l’information, etc.). La prise de décision en matière de politique publique est considérée ici comme un processus d’incrémentalisme discontinu ou de débrouillement pragmatique lent. En ce sens, les changements de politiques publiques en réponse au développement de la recherche se font d’une manière plus incrémentale et graduelle que soudaine et ponctuelle.
c. L’école de l’utilisation du savoir au sens de Weiss : elle est basée sur la notion d’éclairement des décideurs par le savoir et la recherche (enlightenment function of knowledge and research). Elle considère le savoir comme un processus cumulatif. Au fur et à mesure que le savoir se développe dans le temps, il devient incorporé dans les pratiques des décideurs suivant un processus appelé ‘éclairement’ (enlightenment). Alors que la recherche est rarement convaincante et ponctuellement assimilée par les décideurs, son accumulation à moyen et à long termes est susceptible de modifier les perceptions que les décideurs ont des problèmes à résoudre et des effets probables de leurs décisions.
d. Le modèle des paradigmes de politique publique (The Policy Paradigms Model) : Selon Hall, un paradigme de politique publique est un cadre global d’idées qui structurent la prise de décision dans un domaine déterminé. A travers les paradigmes, les chercheurs, et plus crucialement les décideurs, perçoivent et appréhendent la politique, l’économie et la société ainsi que les rôles qu’ils peuvent jouer dans ces diverses sphères. Le paradigme sert à définir les problèmes majeurs et urgents ainsi que les politiques à mettre en œuvre pour les résoudre. L’acceptation de la connaissance et de la recherche par les décideurs dépend selon cette approche de facteurs politiques et socio-économiques. Les élites gouvernantes et les groupes d’intérêt influents déterminent et choisissent le type de savoir et de recherche à utiliser dans le processus de prise des décisions à travers leur influence sur les paradigmes existants. Dans le modèle des paradigmes au sens de Hall, la prises des décisions en matière de politiques publiques, sous la contrainte des paradigmes, est caractérisée par de longues périodes de changements incrémentaux et graduels, entachés de brèves périodes de changement majeur.
3. L’état des lieux et l’évaluation de l’utilisation de la recherche à travers les diverses phases du cycle des politiques publiques :
Conventionnellement, le processus de politique publique peut être scindé en quatre phases : i) la définition des problèmes à résoudre ; ii) la formulation des politiques ; iii) l’exécution (implementation) ; iv) l’évaluation et le suivi (monitoring). Même si ce modèle est souvent considéré comme exagérément linéaire, il est très utile pour la mise en exergue des fonctions que la recherche peut remplir dans le processus de prise de décision.
Les projets de communication dans le cadre de cet axe se proposeront de repenser l’utilisation et l’absorption de la recherche à travers le cycle de politiques publiques. En particulier, les communications viseront à s’interroger sur la quantité et la qualité de la recherche pour chacune des quatre phases du cycle, prises isolément ou dans une perspective comparative et interactive. Les communications peuvent être conceptuelles avec une valeur ajoutée nette ou empiriques en recourant à des approches méthodologiques novatrices. Dans ce dernier cas, des études de cas sont les bienvenus (étude du cas d’un pays ou de plusieurs pays sous une optique comparative).
4. Les étapes cumulatives de l’utilisation de la recherche en sciences sociales :
L
e colloque invite les chercheurs à soumettre des papiers concernant les étapes cumulatives de l’utilisation de la recherche en sciences sociales dans les pays en développement. En général, ces étapes peuvent être classifiées comme suit :
a. La production de la recherche ;
b. La transmission de la recherche aux décideurs ;
c. L’adaptation de la recherche au niveau cognitif, culturel et intellectuel des décideurs ;
d. La référence (citation de la recherche dans des rapports publics, etc.) ;
e. L’adoption de la recherche par les décideurs ;
f. L’application de la recherche par les décideurs.
5. L’impact du contexte politique, institutionnel, culturel, économique et social sur la consommation de la recherche en sciences sociales dans les pays en développement :
Des papiers de recherche seront les bienvenus dans ce cadre. Ils permettront de mieux comprendre comment les facteurs indiqués entravent l’absorption de la recherche en sciences sociales par les décideurs.
Les sous-axes (non exhaustifs) peuvent être : la qualité de la démocratie, l’Etat de droit, la gouvernance démocratique, la qualité des institutions, les réformes économiques et autres réformes, le financement de la recherche, la pauvreté, le degré d’internalisation de la recherche et de son rôle par les individus, les collectivités et les peuples, les liens entre le système éducatif et les institutions de la recherche, le rôle des groupes d’intérêt et de pression, etc.).
6. L’impact des facteurs externes sur la consommation de la recherche en sciences sociales :
Les sous-axes (non exhaustifs) peuvent être : l’impact des accords de libre-échange, l’effet de contagion internationale, l’impact des critères de financement imposés par les bailleurs de fonds, l’effet de l’intégration des chercheurs dans des réseaux de recherche à l’étranger, etc.
7. Le rôle de l’écart culturel entre les chercheurs et les décideurs :
Ce sous-thème mérite un traitement spécifique malgré ses liens possibles avec certains axes exposés ci-dessus.
L’écart culturel (Cultural Gap) signifie tout simplement que les chercheurs et les décideurs ont des cultures différentes. On peut même dire qu’ils vivent et ils continuent à vivre dans deux mondes différents, notamment dans les pays en voie de développement. Ils entretiennent un dialogue séculaire de sourds en ce sens que les deux communautés ne se comprennent pas. Comment alors peut-on comprendre cet écart culturel dans des contextes de pays différents ? Comment peut-on briser cet écart, en particulier en luttant contre les malentendus entre les deux communautés ?
II- Dates limites
Les projets de communications doivent être soumises au Comité Scientifique par email avant le 26 avril 2013 aux adresses suivantes :
moutaouaset@yahoo.fr et
brmansouri@yahoo.fr, sous forme d’un résumé (abstract) de trois pages au maximum, contenant le(s) nom(s) et prénom(s) des auteurs, leurs fonctions, leur affiliation institutionnelle, la problématique, les objectifs, une revue critique succincte de la littérature, le cadre méthodologique et les résultats préliminaires.
Après l’évaluation par le Comité Scientifique des abstracts de projets de communication, les auteurs seront informés des résultats au plus tard le 23 mai 2013. Les versions complètes des papiers de recherche doivent parvenir au Comité Scientifique au plus tard le 11 octobre 2013. Le colloque se déroulera à Marrakech les 13 - 14 décembre 2013. Il est prévu de publier les meilleurs papiers présentés dans un ouvrage collectif.
III- Voyage et séjour
La participation au colloque est gratuite (pas de frais d’inscription). Ceux qui financeront eux-mêmes leur voyage et séjour ou ceux qui sont pris en charge par leurs institutions ou par d’autres organismes régleront eux-mêmes leurs factures, y compris leur séjour à l’hôtel.
D’autres renseignements sur le colloque, y compris des informations sur Marrakech et des événements sociaux prévus, seront communiqués ultérieurement dans le programme définitif.
IV- Comité Scientifique
Co-Présidences :
EL MOUTAOUASSET Ahmed (Université Cadi Ayyad, Maroc)
MANSOURI Brahim (Université Cadi Ayyad, Maroc)
ALAOUI MOUSTAÏN Fatima-Zohra, consultante Rabat et Casablanca, Maroc)
ALBAGLI Claude (Institut cedimes, Paris)
AZZAM Azzeddine, (l’Université de Nebraska, Etats-Unis)
BASIL Jones, (Expert à la Banque Africaine de Développement, Tunis, Tunisie)
CHAKER Samira (HEC, Tunis, Tunisie)
CHERKAOUI Mouna, (Université Mohamed V-Agdal, Rabat, Maroc)
CURT Julius, (Université Londres, Royaume- Uni)
EL FAIK Idriss (Université Cadi Ayyad, Maroc)
EL GHALI Mohamed (Université Cadi Ayyad, Maroc)
DOBRZANSKI Pawel (Université Pologne)
GASSE Yvon (Université Laval, Québec, Canada)
GHERIS Mohamed (Université Cadi Ayyad, Maroc)
LACOUR Claude Université (France)
MAROUN Ibrahim (Université Beyrouth, Liban)
MOUFTI Saïd, (Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES), Rabat, Maroc)
SAVRINA Baiba (Université Riga, Lettonie)
TCHIKO Faouzi (Université Mascara, Algérie)
TRACHEN Ahmed (Université Cadi Ayyad, Maroc)
TUGEN Kâmil (Université Dokuz Eyllul, Izmir, Turquie)
ZAID Mohamed (Université Cadi Ayyad, Maroc)
ZIKY Mustapha (Université Cadi Ayyad, Maroc)
V- Comité d’Organisation
EL MOUTAOUASSET Ahmed (Université Cadi Ayyad, Maroc)
MANSOURI Brahim (Université Cadi Ayyad, Maroc)
EL FAIK Idriss (Université Cadi Ayyad, Maroc)
EL GHALI Mohamed (Université Cadi Ayyad, Maroc)
GHERIS Mohamed (Université Cadi Ayyad, Maroc)
ZAID Mohamed (Université Cadi Ayyad, Maroc)
VI- Contacts
EL MOUTAOUASSET Ahmed (Université Cadi Ayyad, Maroc)
moutaouaset@yahoo.frMANSOURI Brahim (Université Cadi Ayyad, Maroc)
brmansouri@yahoo.frhttp://cedimes.com/index.php?option=com_content&task=view&id=197&Itemid=1